Matrix Resurrections, un renouveau ?

Matrix Resurrections, affiche du film

Matrix Resurrections

Réalisatrice : Lana Wachowski
Acteurs : Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Yahya Abdul-Mateen II, Jessica Henwick, Neil Patrick Harris, Jada Pinkett Smith, Priyanka Chopra Jonas, Christina Ricci…
Sortie cinéma : 22 décembre 2021

Bat-score 4 sur 5

Terminons bien l’année 2021 avec une review, et pas n’importe laquelle : celle de Matrix Resurrections !

Dois-je présenter la saga Matrix ? Normalement non ! Mais quand même, parlons-en : Matrix est une série de films de science-fiction réalisée par les Wachowski. L’ensemble de la série est globalement métaphysique. Elle emprunte beaucoup à plusieurs concepts philosophiques et religieux. Mettre la série Matrix dans une seule catégorie de films revient à la dénaturer tant les interprétations sont légion.

Dans le cadre de cette review, je serais amené à évoquer le premier tiers de ce quatrième opus. Ca va spoiler un minimum, vous voilà prévenus…

Bande annonce du film Matrix Resurrections

Du Meta dans un film déjà Meta ?

Le premier tiers du film est une parodie/copie du premier film avec un œil critique. En effet, nous redécouvrons certaines scènes cultes vues sous un autre angle. Dans cette nouvelle version, Thomas A. Anderson, que nous appellerons désormais Neo, tient un poste différent du premier film. Dans Matrix, il était programmeur. Dans Resurrections, il est créateur de jeux vidéo et pas n’importe lesquels : il est créateur d’une trilogie de jeux vidéo Matrix !

Place aux easter eggs à foison dans cette scène : des figurines Matrix sur le bureau de monsieur Anderson, un buste de l’agent Smith dans le bureau du directeur (un certain Smith également), un entretien entre Neo et Smith sur l’avenir de la franchise des jeux.

L’entretien Neo/Smith pose les bases de l’aspect Meta du premier tiers du film : nous apprenons que la société Warner Bros souhaite faire un Matrix 4 (ça alors !). Ils ont les droits dessus et cet épisode se fera avec ou sans Neo. Dans cette scène, Warner Bros se fait violemment critiquer sur la gestion de ses licences. Tout cela n’est pas sans rappeler la gestion désastreuse de l’univers DC Comics au cinéma ou même une certaine forme de cynisme qui se dégage du Warner-verse de « Space Jam nouvelle ère ».

Il y a également une session « brainstorming » des développeurs sur la définition de la licence Matrix. Chaque personne apporte son point de vue :
– Quand on me dit Matrix, je pense au Bullet Time !
– Pour moi, c’est de la trans-identité !
– Mais non c’est philosophique avec des arts martiaux !

Tous ces points de vue ne sont pas sans rappeler l’aspect métaphysique de la saga Matrix mais aussi le danger de la résumer à une simple catégorie au risque de la dénaturer et de passer à côté des messages multiples délivrés par l’auteur.

Neo consulte également un psy car il est victime de rêves assez étranges. Et ce psy lui prescrit des pilules bleues (oh ça alors !). Cette scène est l’occasion de nous remontrer un chat noir, personnage qui occupe une place importante dans une scène du premier film.

Morpheus et Bugs
Morpheus et Bugs

Morpheus est également présent dans le premier tiers. Il n’est plus incarné par Laurence Fishburne mais Yahya Abdul-Mateen II. Pas d’inquiétude, il y a une explication à ça mais cela nécessite de spoiler la suite donc nous nous arrêterons là.

L’univers de Lewis Caroll est toujours présent. Sauf qu’il s’agit d’Alice de l’autre côté du miroir, la suite d’Alice au pays des merveilles. Clin d’œil intéressant vu que les personnages se servent de miroir pour se déplacer dans la matrice.

Toute cette relecture du premier volet et de ses références à foison font penser à du fan-service maladroit. Toutes ses références font sens quand on repense à l’entretien Neo/Smith. Cela m’amène à un autre sujet : la gestion du fan-service au cinéma.

Fan-service à gogo !

Comment parler de fan-service sans évoquer la dernière sortie Marvel Studios : Spider-man : No Way Home ? Il ne sera pas question d’une « guéguerre » entre les 2 films, soyons clairs là-dessus. Nous allons évoquer ce film sur la façon dont les clins d’œil ont été gérés. Spider-man est un film fait pour plaire à son public. Les références multiples remplissent un cahier des charges : intégrer une partie des personnages des anciens films Sony et satisfaire les fans qui rêvaient d’un film amazing bourré de clins d’œil avec 20 ans de films derrière lui. Sans spoiler également, le film donne aux fans tout ce qu’ils souhaitaient. Les clins d’œil ont un point commun avec Matrix : ils ont autant de subtilité qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Matrix Resurrections est, pour moi, un contre-exemple de Spider-Man No Way Home. Les clins d’œil servent à expliciter la vision de Lana Wachowski sur l’Hollywood d’aujourd’hui (reboot en pagaille et suites à foison). Spider-man ne peut pas se permettre ça. Il s’agit d’un film de commande au service d’un univers étendu là où Matrix explore son lore sur seulement 4 épisodes (et Animatrix ne l’oublions pas).

Passons à l’aspect review dès à présent.

Un film ambitieux


J’ai littéralement adoré Matrix Resurrections. Je n’attendais pas grand-chose du film et j’ai été conquis. Ce film représente, pour moi, l’une des suites les plus ambitieuses que j’ai pu voir au cinéma et il est très clair là-dessus : nous en sommes arrivés à un stade où nous avons tout raconté, seuls les personnages changent.

Matrix est une œuvre difficile à classer tant les genres abordés sont nombreux : science-fiction, arts martiaux, dystopie, cyberpunk… Lana est également très claire : libre à vous d’interpréter Matrix comme vous le souhaitez tant que vous ne le rangez pas dans une seule catégorie sinon vous dénaturez l’œuvre.

Neo et Bugs
Bugs et Neo



J’ai quelques reproches à émettre cependant, notamment sur la forme : le film dure 2h28 et, par moments, vous les sentez passer. Et, comme les précédents épisodes, c’est un film qui nécessitera plusieurs visionnages pour bien tout assimiler. De plus, contrairement à la trilogie initiale, les scènes d’action sont plutôt classiques pour ne pas dire oubliables.

La bande-originale est relativement agréable et inspirée. Elle reprend d’ailleurs plusieurs gimmicks de la saga. Exit les groupes de metal et d’electro ainsi que la trance / orchestrale du duo Juno Reactor / Don Davis (Cf. Mona Lisa Overdrive) et place à Johnny Klimek et Tom Tykwer, 2 habitués des Wachowski qui ont déjà travaillé avec eux sur l’excellent Cloud Atlas. D’ailleurs, l’auteur de Cloud Atlas, David MITCHELL, participe à l’écriture du scénario.

Extrait de la bande originale de Matrix Resurrections : Opening

Conclusion inéluctable

Une chose est sûre, ce film fera couler beaucoup d’encre. Il reste néanmoins dans l’esprit des précédents et ne ferme pas la porte à une éventuelle suite. La suite dépendra sûrement de son succès en salles. J’aurais besoin de plusieurs visionnages pour apprécier ce film à sa juste valeur. Ce film a encore plusieurs angles de lecture.

Il est difficile de donner son avis sans spoiler les 2/3 du film. En tout cas, sachez que le film réserve de sacrées surprises. Et n’oubliez pas de rester au générique, il y a une scène bonus sympa (?) à la fin.

Neo et Trinity
Trinity et Neo

Bonus : Neurazic replonge dans la Matrice

Grand fan du premier volet Matrix et un peu déçu par la trajectoire que les épisodes 2 et 3 avaient suivie, ce 4ème opus m’a permis de replonger avec plaisir et sans attente particulière dans cet univers incroyable. J’en ai donc profité pour passer en revue ma petite collection de goodies sur le sujet. Vous reconnaitrez donc les dvds de la trilogie, des Animatrix ainsi que leurs bandes originales en cds. J’ajoute à cela un bien bel artbook dont je ne suis pas peu fier ainsi que les comics, le tout en anglais.

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spiBER-man
31/12/2021 13:19

Bien belle observation de cet ovni cinématographique XD
Et je ne savais pas que tu aimais te triturer l’espace compris entre la partie antérieure de l’œil et les narines, à savoir le lore. 0_o’

spiBER-man
Répondre à  Dr Manhattan
31/12/2021 16:57

Sinon j’ai adoré le premier tiers, puis aimé le deuxième tiers, malgré l’unbroglio scénaristique et pour finir kiffer le troisième tiers.

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