Batman : Silence le film, ou comment trahir une adaptation

Batman : Silence

Batman : Silence

Réalisateur : Justin Copeland
Sortie vidéo : 21/08/2019

Bat score 2,5

Bonjour à tous ! Voici enfin ma première critique négative sur une œuvre. Il se trouve que j’ai récemment voulu me lancer dans le fameux DC Animated Movie Universe. J’ignore encore la raison qui m’a poussé à me lancer dedans (tout rapport avec un film de 4h récemment sorti en VOD serait purement fortuit bien entendu). Mais avant toute chose : qu’est-ce donc que Batman : Silence ?

Un comics Batman connu et reconnu

Comics sorti au début des années 2000, Batman : Silence (Hush en VO) n’a pas pris une ride, il est même considéré comme l’une des meilleures histoires de Batman. Véritable coup de cœur dans ma bibliothèque, je me suis donc procuré avec plaisir l’adaptation en dessin animé. Et là c’est le drame… Le matériau de base a été trahi et le pourquoi du comment m’échappe.

Batman : Silence - édition noir & blanc - Urban Comics
Edition noir & blanc Spéciale 75 ans de Batman – Urban Comics (2014)

Je vais devoir spoiler donc, si vous souhaitez vous lancer, gare à vous !


La principale force du comics reste l’identité d’Hush et son plan. Nous pouvons la deviner avant la fin bien entendu, il ne s’agit pas non plus d’un immense twist. Hush, Thomas Elliot de son vrai nom, est le meilleur ami d’enfance de Bruce Wayne. Totalement obsédé à l’idée de détruire Bruce Wayne, Thomas Elliot monte un plan démoniaque le jour où il découvre que Bruce Wayne et Batman ne forment qu’une seule et même personne. Ce plan est monté avec l’aide du Sphinx (l’homme mystère pour les intimes), son but est de détruire physiquement et mentalement Batman et Bruce Wayne. Une connaissance des ennemis de Batman est fortement recommandée avant lecture ou visionnage car l’histoire inclut un paquet de vilains.

Batman : Silence - aux éditions Semic
Collection Semic Books (2004)

La fidélité de l’œuvre à tout prix ?

Le film dure environ 1h20 et reste très fidèle au matériau de base. Globalement, tout y est : le combat contre Superman et la fameuse phrase « Clark est fondamentalement bon, tandis que moi, fondamentalement, je ne le suis pas. », la scène dans l’opéra, le combat musclé contre le Joker (combat où Batman a failli tuer ce dernier), la présence du Puits de Lazare…

Le film se permet de faire référence à des événements survenus dans d’autres films de son univers étendu (notamment Reign of the Supermen). Rien de surprenant en soi mais ça nous rappelle que le film peut avoir un aspect « filler » comme cette impression que donnait certains films du Marvel Cinematic Universe avant l’évènement Endgame.

Le film maîtrise son sujet pendant 1h10. Et patatra, la révélation arrive. Mais qui est Hush ? Serait-ce Thomas Elliot comme dans le comics ? Eh bien… Non ! Le Sphinx et seulement le Sphinx… « Hein ? Mais pourquoi ? », dit-il devant sa télé. Bon, en vrai j’étais beaucoup plus vulgaire que ça mais nous allons faire preuve d’un certain professionnalisme. Pourquoi avoir joué la carte de la fidélité pendant 1h10 pour prendre cette liberté 10 minutes avant la fin ? J’avoue ne pas avoir compris l’intérêt de changer l’identité d’Hush. Le film sous-entend plusieurs fois son double face jeu en plus.

Hush

Les libertés dans les adaptations

Soyons clairs : je n’ai rien contre l’idée de prendre des libertés dans le cadre d’une adaptation. Watchmen l’illustre plutôt bien. C’est totalement subjectif mais je préfère la fin du film à celle du comics, fin qui a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre. La chaîne Youtube « Le ciné-club de M. Bobine » y a consacré un épisode d’ailleurs. Je vous invite à aller la voir, elle est très intéressante.

D’autres films ont pris des libertés sans dénaturer l’œuvre de base pour autant. Si je devais en citer à la pelle, je dirais : le Tintin de Steven Spielberg, Snowpiercer de Bong Joon-ho, l’excellent Flashpoint Paradox de Jay Oliva. D’autres films ont, à mes yeux, dénaturé l’œuvre de base en prenant des libertés (coucou Captain America : Civil War). Batman : Silence en fait partie.

Ce changement d’identité fait perdre l’une des principales forces de ce récit : un plan visant à détruire Batman et Bruce Wayne. Un plan aussi tordu et maîtrisé gagne en profondeur quand il est manigancé par un ami d’enfance. Ca renforce l’aspect vengeance et la haine grandissante en Thomas Elliot. Avoir un plan aussi machiavélique manigancé finalement par le Sphinx fait l’effet d’un soufflé. « Ah tiens en fait c’est l’Homme Mystère… » j’ai eu l’impression de me retrouver devant la scène où nous découvrons l’identité du chevalier d’Arkham dans Batman Arkham Knight. « Oh le Red Hood mince… Mais ils n’avaient pas dit qu’ils introduisaient un nouveau vilain ? »

Conclusion

Les films d’animation DC sont globalement excellents, ne nous mentons pas. Justice League Doom, Flashpoint Paradox, Justice League Dark, The Dark Knight returns partie 1 et 2 sont de parfaits exemples et même The Killing Joke si on ne tient pas compte de sa longue introduction du personnage de Batgirl. Si vous n’avez pas lu le comics, je pense que vous saurez apprécier cette histoire de Batman. Le film est très bon mais nous sert un final qui nous laisse indifférent et fait tout s’effondrer comme un château de cartes. Je n’aime pas dire « j’ai préféré le bouquin » mais là malheureusement… Quand je pense que je n’ai pas encore regardé l’adaptation de Superman Red Son, j’en tremble rien que d’y penser…

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4 réflexions au sujet de “Batman : Silence le film, ou comment trahir une adaptation”

  1. Effectivement j’ai été bien déçu aussi, et je rigole déjà quand tu vas mater Red Son, lol !
    Bon sinon, Hush en comics, canonissime effectivement, mais il y en a un qui le surpasse amplement à mes yeux, et c’est la cour des hiboux, j’adore tout bonnement.
    Quand aux libertés des adaptations il faut aussi compter sur les droits et Marvel Studios avec Civil War ont respecté ce qu’il pouvait, sinon faire entrer des nouveaux personnages comme « Nitro » aussi brièvement, ça n’aurait pas grandement servi le M.C.U., après sinon ne l’appelle pas Civil War, si c’est ce qui te dérange, mais ce film est juste là pour révéler la confrontation entre Stark et Rogers, avec les moyens du bord en se servant justement de l’enregistrement des super-Héros, et moi je trouve que les frères Russo s’en sortent haut la main, en plus de cela, ça inclut la Sorcière Rouge … et sa future perte de contrôle (WandaVision).

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    • Fichtre Red Son serait un affront ?!

      Je n’ai pas encore lu la cour des hiboux. En revanche j’ai vu « Batman Vs Robin » qui l’adapte en partie mais je ne sais pas ce que ça vaut d’un point de vue adaptation.

      Les droits de Marvel Studios étaient assez compliqués en 2016 avec le catalogue Sony d’un côté et la Fox de l’autre. C’est effectivement l’appelation Civil War qui m’a dérangé pour le film. C’est vrai que le thème du comics (l’identité secrète des super-héros) ne correspond pas à l’univers du MCU vu que la plupart des héros sont connus du grand public. J’aurais peut-être davantage apprécié le film avec un autre titre je te l’accorde.

      Je trouve dommage d’avoir gâché l’atout « Civil War » aussi tôt dans le MCU. D’un autre côté les gros acteurs du MCU ne sont pas immortels donc le faire plus tard aurait été risqué aussi. Vraiment je suis aussi partagé que Hush sur ce film. Après, comme j’ai dit, l’aspect « filler » donnait un aspect Avengers 2.5 au film.

      Infinity War et Endgame sont sortis et des tensions se ressentaient encore entre Stark et Rogers. Ca m’a convaincu que le film avait quand même apporté sa pierre à l’édifice. Je demandais pas non plus que Nitro apparaisse forcément, en revanche, j’aurais aimé une mort symbolique pour marquer le coup mais je chipote.

      Par contre, faut vraiment que je me lance dans WandaVision… Ca m’intrigue vraiment

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      • Ah oui, je croyais que tu avais maté WandaVision, désolé pour le teasing.
        Après pour Red Son, perso c’est surtout les dessins style année 90 qui m’ont le plus rebutés et le fait de ne peut être pas connaître trop l’histoire d’après Neurazic, c’est très fidèle.
        J’ai pas accroché du tout cette relecture, en fait moi je ne m’imaginais pas ça du tout.
        Juste centré sur Superman et pas de guest star comme Batman qui tourne mal … etc

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  2. C’est pas grave pour WandaVision j’ai été spoilé depuis longtemps.

    Red Son est effectivement très axé sur Superman. Je suis très friand d’univers alternatifs comme ça, d’où mon achat en comics à l’époque. Après, effectivement, le comics n’exploite pas l’entièreté de l’univers DC, one-shot oblige. Mais des persos clés en rapport avec Superman restent présents (Lex Luthor, Lois Lane, Batman, Wonder Woman…)

    C’est difficile si tu n’accroches pas sur les dessins. Ca m’est arrivé avec le film « Superman contre l’élite » j’ai pas réussi à rentrer dedans… Je te comprends du coup

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