Mawiza – Ül, ça groove au Chili

Artiste : Mawiza
Album : Ül
Label : Season Of Mist
Sortie : 18 juillet 2025
Style : Groove Metal

Sur les terres ancestrales

MAWIZA est une formation née en 2014 au Chili, à l’origine sous le nom Nunca Seremos Dichosos. La bande n’en est pas à son coup d’essai : ÜL est déjà son troisième album, après Tierra (2017) et Kollong (2019). C’est d’ailleurs sur ce dernier qu’on retrouve le morceau Mawiza ñi Piwke, premier titre de metal entièrement chanté en Mapuzungun.

Et là, vous vous demandez sûrement : c’est quoi ce truc ? Eh bien laissez-moi vous éclairer (oui, j’ai fait mes recherches 😄, et je ne vais pas vous laisser dans le flou). Le Mapuzungun est la langue parlée par le peuple Mapuche, autochtones d’Amérique du Sud présents principalement dans le sud du Chili et le sud-ouest de l’Argentine, sur un territoire appelé Wallmapu. On l’appelle aussi la langue de la terre.

Les Mapuches ont résisté à la colonisation espagnole. C’est une langue isolée, sans parenté connue avec d’autres. Environ 260 000 personnes la parlent encore aujourd’hui. Elle est surtout orale, avec un alphabet phonétique plus qu’une écriture standardisée.

MAWIZA utilise le Mapuzungun pour revendiquer l’identité mapuche et transmettre cette langue aux nouvelles générations.

Voilà pour le petit cours d’histoire 🤓.

Roots bloody roots

L’album ouvre sur Wingkawnoam (décoloniser en vf), accompagné d’un clip. Rythme martial, sonorités industrielles, tambour cérémoniel (kultxung), groove implacable et chant scandé : l’entrée en matière est impeccable.

Pinhza Ñi Pewma dégage une atmosphère onirique. Le chant porte un message d’espoir, tandis que musicalement, le groupe est carré et efficace, avec quelques blasts bien placés.

Ngulutu a un côté guerrier : guitares dissonantes, rythmique accrocheuse, growls d’Awka et chœurs percutants sur le pont.

Nawelkünuwnge n’a rien à envier à des mastodontes comme Machine Head, Pantera ou même Gojira. Riffs lourds, puissance brute et une explosion de violence sur la fin.

Viennent ensuite Mamüll Reke, Wenu Weychan, Lhan Antü et Kalli Lhayay :

• Mamüll Reke : flûtes folkloriques, mélodies émouvantes, percussions tribales.
• Wenu Weychan : intro planante et montée en puissance.
• Lhan Antü : chaos maîtrisé aux structures abruptes et tribales, évoquant parfois Gojira.
• Kalli Lhayay : riffs quasi-cybernétiques, growls saturés en intro, guitares dissonantes/bruitistes et toujours cette touche tribale.

Puis arrive Ti Inan Paw-Pawkan, avec un invité de marque : Joe Duplantier (Gojira). Sa présence semble presque évidente, tant l’univers des deux groupes se croise (MAWIZA et Gojira ont déjà partagé la scène). Le morceau est sublimé par la guimbarde (jaw harp), présente tout du long. La puissance vocale d’Awka et de Duplantier se mêle parfaitement pour conclure l’album sur une démonstration de force et de maîtrise.

Voyage ancestral

Franchement, je ne m’attendais pas à ça. Avec la cover et la typographie du nom, je pensais avoir affaire à un groupe de death/grindcore bien violent… et en fait, pas du tout. Ici, on a affaire à un metal moderne, enrichi d’éléments traditionnels et tribaux mapuches, de chants chamaniques, de passages heavy et de growls massifs.

Difficile à étiqueter 😅, mais une chose est sûre : MAWIZA est un groupe à suivre de très près.

Tracklist – ÜL

1. Wingkawnoam
2. Pinhza Ñi Pewma
3. Nawelkünuwnge
4. Mamüll Reke
5. Wenu Weychan
6. Lhan Antü
7. Kalli Lhayay
8. Ti Inan Paw-Pawkan (feat. Joe Duplantier)

Chronique rédigée à partir de la version numérique de l'album fournie par le label

Partager